Cosmétiques : Quels articles sont considérés comme tels ?

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Le dentifrice fait de l’œil au rouge à lèvres sur l’étagère de la salle de bains. Lequel joue vraiment dans la cour des cosmétiques ? Difficile, parfois, de tracer la ligne. Les apparences sont trompeuses : la frontière entre produits de beauté, d’hygiène et bien d’autres n’a rien d’évident.

Crème solaire, déodorant, shampoing pour chien : qui appartient à la famille cosmétique ? Certains objets du quotidien, qu’on n’imaginerait jamais concernés, tombent sous la coupe de la législation cosmétique. D’autres, à peine différents, y échappent. Parfois, un simple mot sur l’emballage ou une promesse anodine suffit à changer la donne : le savon d’apparence banale se retrouve propulsé dans une toute autre catégorie.

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cosmétiques : de quoi parle-t-on vraiment ?

Impossible d’y échapper : les produits cosmétiques envahissent les salles de bains, les sacs à main, les poches de manteau. Mais derrière ce terme, que recouvre-t-il exactement ? Le Règlement (CE) n° 1223/2009 ne laisse aucune place au doute : un produit cosmétique, c’est toute substance ou mélange destiné à être appliqué sur la peau, les cheveux, les ongles, les lèvres, les organes génitaux externes – ou même sur les dents et muqueuses buccales. Son objectif ? Nettoyer, parfumer, embellir, protéger, entretenir ou masquer les odeurs corporelles, et rien d’autre.

La filière cosmétique ne se résume pas aux fabricants de crèmes ou de parfums. Elle englobe aussi bien les chimistes qui fournissent les ingrédients, les distributeurs, que les autorités de contrôle. Chaque ingrédient cosmétique doit répondre à des exigences strictes : pureté irréprochable, sécurité démontrée, traçabilité de chaque composant. L’ANSM et la DGCCRF veillent au grain, contrôlant aussi bien la composition des produits que leur étiquetage sur les rayons.

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Autre distinction de taille : le grand public et les professionnels n’ont pas accès aux mêmes produits. Les premiers trouvent leurs soins en libre-service ; les seconds utilisent des formules spécifiques, signalées sur l’emballage. L’Europe impose une discipline de fer : contrôles renforcés, transparence sur les formules, mentions obligatoires. Le consommateur averti n’a jamais eu autant de moyens de vérifier ce qu’il utilise.

quels critères permettent de classer un article comme cosmétique ?

Pour qu’un produit soit considéré comme cosmétique, il doit franchir plusieurs filtres, posés par le Règlement (CE) n° 1223/2009 et le Règlement (UE) 655/2013. L’intention : garantir la sécurité des consommateurs tout autant que la clarté sur la nature du produit.

L’Europe tranche selon l’usage, la composition et la destination de l’article. Un produit bascule dans la catégorie « cosmétique » si :

  • il est conçu pour être appliqué sur la surface externe du corps humain, les dents ou muqueuses buccales,
  • il a pour fonction de nettoyer, parfumer, modifier l’apparence, protéger, conserver ou masquer les odeurs corporelles,
  • sa formule respecte les listes d’ingrédients autorisés, ainsi que les restrictions ou interdictions européennes (allergènes, colorants, conservateurs),
  • il ne fait aucune promesse thérapeutique.

Les produits cosmétiques passent sous la loupe de l’ANSM et de la DGCCRF : conformité des formules, étiquetage précis, traçabilité des lots, respect des bonnes pratiques de fabrication (BPF). Impossible de s’improviser fabricant sans respecter ces règles. Quant aux articles réservés aux experts, ils affichent la mention « usage professionnel » bien en vue, pour éviter toute confusion.

Certains labels et normes renforcent la crédibilité des produits. Le label Cosmébio rassure sur la démarche bio, la norme AFNOR XP X 50-831-1 encadre les pratiques esthétiques, le marquage CE garantit la conformité des dispositifs associés. De quoi s’y retrouver, même pour les consommateurs les plus exigeants.

entre soins, hygiène et médicaments : où se situe la frontière ?

Où finit le cosmétique, où commence le médicament ? La réponse se joue sur des détails : usage, composition, allégations. Un gel douche, un shampoing, un déodorant : ils s’occupent d’hygiène, protègent, embellissent, mais ne prétendent jamais guérir. Le moindre écart – promettre de soigner, d’agir sur la physiologie – et le produit change de camp : il devient médicament, soumis à des règles drastiques et à une autorisation de mise sur le marché.

Les autorités réglementairesANSM et DGCCRF en tête – scrutent les publicités : aucune promesse ne doit dépasser le cadre fixé par l’Europe. Un dentifrice qui promet de blanchir, une crème pour le cuir chevelu, un soin pour les pieds : le moindre mot de trop, et c’est la requalification.

Dans les salons ou instituts, certains produits à usage professionnel intègrent des substances à restriction. L’étiquetage doit être limpide : « réservé à un usage professionnel » – et la vente réservée aux pros. Les distributeurs portent la responsabilité de cette séparation, pour garantir la sécurité des utilisateurs et le respect de la réglementation.

  • Les produits d’hygiène mis à la disposition du public (savons, gels douche, dentifrices) restent sous surveillance, mais ne doivent jamais contenir d’ingrédients réservés aux professionnels.
  • La publicité cosmétique suit des règles de fer : chaque allégation doit être prouvée, sous peine de tromperie.

Le secteur impose donc une vigilance constante, pour éviter de franchir la ligne fine entre soin et médicament.

produits beauté

repérer les produits concernés au quotidien : exemples et conseils pratiques

Au supermarché, la frontière entre cosmétiques, produits d’hygiène ou soins plus spécialisés brouille volontiers les pistes. Un réflexe simple aide à y voir plus clair : inspecter la liste des ingrédients. Que vous teniez un gel douche, un déodorant ou un shampoing, tous les cosmétiques sont soumis à la règlementation stricte du Règlement (CE) n° 1223/2009 : les substances à risque doivent être clairement affichées.

  • Parabens (butylparaben, propylparaben), BHA et BHT : surveillés de près, soupçonnés de perturber le système hormonal.
  • Filtres UV comme benzophenone-3, octocrylène, homosalate : présents dans les solaires et certains soins capillaires, certains sont pointés du doigt pour leur potentiel allergène ou leur impact sur le système endocrinien.
  • Triclosan (antibactérien), silicones cycliques (cyclopentasiloxane, cyclotetrasiloxane) : leur toxicité ou leur effet sur l’environnement inquiète.

Sur l’étiquette, soyez attentif aux allergènes réglementés (linalool, limonene, citronellol, etc.), signalés au-dessus d’un certain seuil, et aux conservateurs comme la methylisothiazolinone. Les huiles minérales, souvent utilisées pour donner de la texture – notamment dans les baumes à lèvres – peuvent comporter des composés indésirables (Mosh, Moah).

Un dernier conseil : guettez les mentions « usage professionnel » qui réclament une vigilance accrue, et repérez les labels reconnus comme Cosmébio ou le marquage CE, gages de conformité aux standards européens. La sécurité passe par une lecture attentive et la confiance dans les certifications, pour ne jamais laisser au hasard ce qui touche à votre peau.

Dans la salle de bains ou au rayon beauté, chaque produit raconte une histoire : celle de ses ingrédients, de son statut et de la vigilance de ceux qui le choisissent. La prochaine fois que vous croisez ce fameux tube de dentifrice, posez-vous la question : et si la frontière était ailleurs ?